Il n'est pas possible de produire l'omniscience sans causes, parce que s'il en était ainsi, tout participerait de l'omniscience en permanence. Si les choses étaient produites sans s'appuyer sur d'autres, elles existeraient sans contraintes - et il n'y aurait donc aucune raison pour que les choses ne soient pas omniscientes. Par conséquent, puisque toutes les choses efficientes s'élèvent seulement occasionnellement, elles dépendent strictement de leurs causes. L'omniscience
est également rare parce qu'elle ne se produit pas en tous temps et en tous lieux, et que tout ne peut pas devenir omniscient. Il en résulte que celle-ci dépend définitivement de causes et de conditions.
Et parmi ces causes et ces conditions, vous devriez cultiver les causes correctes et complètes. Si vous mettez en pratique des causes erronées, même si vous travaillez dur et fort longtemps, le but désiré ne sera pas achevé. Ce sera comme vouloir traire une corne de vache. De même, le résultat ne se produira pas si toutes les causes n'ont pas produit leur effet. Par exemple, que la graine ou toute autre cause manque, et le résultat, la pousse, ne sera pas produit. En conséquence,
ceux qui désirent un résultat particulier se doivent de cultiver ses causes et ses conditions au complet et sans erreur
Si vous vous demandez : quelles sont donc les causes et les conditions du fruit ultime de l'omniscience ? , moi-même qui suis semblable à un aveugle, ne suis peut-être pas capable de vous expliquer, mais j'utiliserai les propres mots du Bouddha tels qu'il les prononça devant ses disciples après son éveil. Il dit alors : "Vajrapani, Seigneur des Mystères, la sagesse transcendante de l'omniscience plonge ses racines dans la compassion et émerge de causes : la pensée altruiste,
l'esprit d'Eveil de la bodhicitta et la perfection des moyens habiles". Par conséquent, si vous êtes intéressé par l'atteinte de l'omniscience, vous devez pratiquer ces trois choses : La compassion, l'Esprit d'Eveil, ou bodhicitta, et les moyens habiles.
Emus par la compassion, les bodhisattva prennent le vœu de libérer tous les êtres.
Puis venant à bout de leurs vues égocentriques, ils s'engagent avec ardeur et continuellement dans les très difficiles pratiques de l'accumulation de mérites et de la vue profonde.
Etant ainsi entrés dans cette pratique, ils vont à coup sûr parachever l'accumulation de mérites et de la vue profonde. On compare cet accomplissement de l'accumulation double de mérites et de la vue profonde au fait d'avoir l'omniscience elle-même dans la paume de la main. Par conséquent, et puisque la compassion est l'unique source de l'omniscience, vous devriez vous accoutumer à cette pratique dès le tout début.
On lit dans le Compendium du parfait Dharma (Dharmasamgitisutra) : "Ô Bouddha, un bodhisattva ne devrait pas s'entrainer à de nombreuses pratiques. Si un Bodhisattva s'en tient correctement à un seul Dharma et l'apprend à la perfection, il réunit toutes les qualités d'un bouddha dans la paume de la main. Et si vous demandez quel est ce Dharma, il s'agit de la grande compassion."
Les bouddha ont déjà achevé leur propre bur, mais demeurent dans le cycle des existences aussi longtemps qu'ils y demeure des êtres. Il en est ainsi parce qu'ils sont animés d'une grande compassion. Ainsi, ils n'entrent pas dans le séjour immensément béatifique du nirvana comme le font les auditeurs. En considérant avant toute chose l'intérêt des êtres, ils abandonnent le séjour paisible du nirvana comme s'il s'agissait d'un édifice de métal incandescent. Par conséquent,
seule la grande compassion est la cause inévitable du nirvana non-statique des bouddha.
La manière de méditer sur la compassion sera enseignée dès le départ. Commencez la pratique en méditant sur l'équanimité. Essayez d'actualiser l'impartialité à l'égard de tous les êtres en éliminant attachement et haine.
Tous les êtres désirent le bonheur et ne souhaitent pas la souffrance. Pensez profondément ainsi : "Dans ce cycle d'existences sans commencement, il n'existe pas un seul être qui n'ait été mon ami ou un parent des centaines de fois. Par conséquent, puisque s'attacher à quelques êtres en haïssant les autres ne repose sur aucun fondement, je vais développer l'esprit d'équanimité à l'égard de tous les être." Commencez la méditation sur l'équanimité en pensant à une
personne qui vous est indifférente, puis considérez les gens qui sont vos amis et enfin ceux qui sont vos ennemis.
Une fois que vous avez développé dans votre esprit l'équanimité à l'égard des êtres, méditez sur l'amour bienveillant. Humectez le continuum mental avec l'eau de l'amour bienveillant et préparez-le comme vous prépareriez un compost de bonne terre. Quand la graine de la compassion sera plantée dans un tel esprit, sa germination sera prompte, convenable et complète. Une fois le courrant de votre esprit imbibé d'amour bienveillant, méditez sur la compassion.
L'esprit de la compassion a pour nature le souhait que tous les êtres souffrants soient libres de la souffrance. Méditez sur la compassion pour tous les êtres, car les êtres des trois domaines de l'existence subissent la torture intense des trois types de souffrance sous des formes variées. Le Bouddha a dit que la chaleur et d'autres types de douleurs ne cessent de torturer les êtres plongés dans les enfers pour un temps très long. Il a également déclaré que les fantômes
affamés sont tourmentés par la faim et la soif et éprouvent une immense souffrance physique. Nous pouvons également voir les animaux souffrir de multiples manières misérables : ils se dévorent entre eux, deviennent agressifs, sont bléssés et tués. Nous pouvons aussi voir les êtres humains éprouver toutes sortes de douleurs intenses. Incapables de touver ce qu'ils cherchent, ils sont pleins de ressentiment et se font mutuellement dur mal. Ils souffrent de perdre les beaux objets de leurs désirs et sont confrontés
à la laideur de ce qu'ils ne veulent pas, ainsi qu'à la douleur de la misère.
Il y a ceux dont l'esprit est entravé par les liens divers des émotions perturbatrices telles que le désir-attachement. D'autres sont plongés dans les tourments créés par différents types de vues erronées. Et comme tout cela est cause de souffrance, les êtres humains sont constamment plongés dans une douleur intense, comme s'ils étaient au bord d'un précipice.
Les dieux souffrent de la souffrance du changement. C'est ainsi que les signes d'une mort imminente et de leur chute en des états infortunés oppressent l'esprit des dieux du domaine du désir. Comment pourraient-ils vivre en paix ?
La souffrance omniprésente est ce qui surgit sous le pouvoir des causes caractérisées par des actes et des émotions perturbatrices. Elle a pour nature et pour caractéristique la désintégration momentanée et imprègne tous les êtres érrants.
Par conséquent, considérez que les êtres errants sont comme immérgés dans un brasier de souffrance. Pensez qu'ils sont tous comme vous et ne souhaitent absolument aucune souffrance : "Hélas ! Tous ces êtres bien aimés sont dans un telle affliction. Que puis-je faire pour les en libérer ?" et faites que leurs souffrances soient vôtres. Que vous soyez engagé dans une méditation unifiante ou que vous poursuiviez vos activités ordinaires, concentrez-vous sur tous les
êtres et souhaitez qu'ils soient tous libres de la soufrance. Commencez par méditer sur vos amis et vos parents. Reconnaissez à quel point ils endurent les souffrances variées qui ont été exposées.
Une fois que vous avez vu que tous les êtres sont égaux, sans aucune différence entre eux, vous devriez méditer sur les êtres qui vous sont indifférents. Quand la compassion que vous ressentez à leur égard est la même que celle que vous ressentez pour vos amis et vos parents, méditez sur la compassion en l'étendant à tous les êtres qui se trouvent dans les dix directions de l'univers.
De même qu'une mère répond à l'appel de son petit enfant chéri et souffrant, quand vous développez un sens spontané et égalitaire de compassion à l'égard de tous les êtres, vous avez alors parachevé la pratique de la compassion. Et cela, on l'appelle "grande compassion".
La méditation sur l'amour bienveillant débute avec vos amis et les gens qui vous sont chers. Elle a pour nature le souhait qu'ils trouvent le bonheur. Peu à peu, étendez votre méditation jusqu'à y inclure des étrangers et même vos ennemis. En vous habituant à la compassion, vous engenderez graduellement le souhait spontané de libérer tous les êtres. Par conséquent, après vous y êtes familiarisé en prenant la compassion pour base, méditez sur l'esprit d'éveil de la bodhicitta.
La bodhicitta comporte deux volets : la conventionnelle et l'ultime. La bodhicitta conventionnele consiste à cutiver la pensée initiale d'aspiration à l'atteinte de la bouddhéité insurpassable et parfaitement accomplie afin d'aider tous les êtres qui errent, ceci après avoir pris le voeu compatissant de les soulager tous de la soufrance. On devrait cultiver cette bodhicitta conventionnelle de la manière décrite dans le chapitre du Bodhisattva-Bhumi sur l'éthique, c'est à dire engendrer cet état d'esprit en prenant
le voeu de bodhisattva devant un maître qui préserve les préceptes du bodhisattva.
Après avoir engendré l'esprit d'éveil conventionnel, efforcez-vous de cultiver l'ésprit d'ével ultime de la bodhicitta. La bodhicitta ultime est transcendante et libre de toute élaboration. Elle est extrêmement claire, c'est l'objet de l'ultime, sans souillures, inébranlable, semblable à une lampe qui ne vacille pas au vent.
On l'accomplit par une application constante et attentive à la maîtrise du yoga de la méditation du calme mental et de la vision supèrieure durant une longue période de temps. Le sutra qui révèle la pensée déclare : " O Maitreya, tu dois savoir que tous les dharma vertueux des auditeurs, des bodhisattva ou des Tathagata, qu'ils soient mondains ou transcendants, sont le fruit de la méditation du calme mental et de la vision supérieure."
Cette section est encore en travaux. Cependant, vous pouvez lire "Les étapes de la méditation" de "Sa Sainteté Le Dalaï Lama" chez "Guy Trédaniel Editeur" pour finir cette section et lire les explication de texte de Sa Sainteté.